ÉDUCATION ET CULTURE

QUELLE EST LA PART DE L’INFLUENCE CULTURELLE DANS L’ÉDUCATION DE L’ENFANT?

L’enfant a-t-il besoin de structure, de rigidité ?

Doit-on être souple ou permissif ?

Doit-on l’allaiter, l’isoler, le solliciter ?

Les parents d’aujourd’hui cherchent des repères éducatifs, et se posent de nombreuses questions quant à leur relation au petit individu, ainsi qu’à l’éducation à mettre en place pour en faire un être épanoui.

Chaque culture envisage l’enfant de manière particulière, dans certaines l’enfant est constamment à proximité de l’adulte ou du groupe, ailleurs il est isolé. Ces différents modes éducatifs amène le petit individu à vivre des sensations variées, et forgent sont comportement.

Dans notre société, l’enfant vit séparé du monde adulte, il n’a aucune responsabilité et évolue dans un climat de soumission : nous considérons qu’il doit obéir à l’adulte. Nôtre culture établit une différence fondamentale entre le rôle de l’enfant et de l’adulte.

QU’EST-CE QUE L’ÉDUCATION?

L’éducation est la transmission des connaissances qui forge la  personnalité et fournit les relations de coexistence dans une communauté.

Lorsque nous parlons d’éducation, cela sous-entend la transmission d’une culture à un individu. La manière dont elle est menée, répond au modèle propre à chaque groupe humain.

Psychologues culturels et ethnologues ont observé l’influence de la culture sur le comportement, et ont étudié différents domaines de connaissances (cognition, émotions, normes).

Tous sont d’accord sur le fait que la vision du monde d’un l’individu dépend grandement du milieu culturel dans lequel il évolue.

QU’EST-CE QUE LA CULTURE?

Le terme « culture » a plusieurs sens. Il renvoie à divers aspects intellectuels ou spirituels, définir le concept de culture n’est pas aisé.

Retenons cependant que la culture désigne une « mosaïque » de croyances, de coutumes et de comportements que partage un groupe d’individus ou une société.

De plus, il faut reconnaître que la culture est dynamique, évolutive et se transmet d’une génération à l’autre. Alors même que l’on pense comprendre une culture, l’évolution de celle-ci nous fera découvrir d’autres perspectives.

Si l’on compare la culture à un iceberg, la partie émergée est plus évidente, les aspects les plus représentatifs se situent dans la partie invisible (ou inconscient).

Les comportements sont influencés par des dimensions culturelles profondes (ou la partie cachée de l’iceberg), telles que les représentations du monde, les valeurs ou les stéréotypes…

De ce fait, il est important de prendre en compte le facteur culturel, afin de mieux comprendre les processus qui sous-tendent les comportements sociaux des individus.

L’ÉDUCATION EN AFRIQUE

Les ethnologues se sont penchés sur différents systèmes d’éducation, et nous ont montré à quel point le type de maternage influence nos représentations.

Dans la tradition sénégalaise, les parents sont en quelque sorte les « géniteurs », ils n’interviennent que pour l’acte créateur de la vie.

En effet, la vie de groupe est très importante, le mariage est l’union de deux familles. L’enfant qui vient au monde est considéré comme un être conforme aux valeurs du groupe. Dans  ce type de société le partage et l’entraide sont de règle et toutes les femmes participent à l’éducation de l’enfant.

La naissance étant sociale, l’enfant est respecté par tous, d’autre part, le bénéfice de ce genre de conduite repose sur le fait que l’individu ne se sens jamais seul, de plus cela vise à préparer l’enfant au devenir social et à s’intégrer dans l’ordre collectif.

LE TYPE DE MATERNAGE DANS LA SOCIÉTÉ SÉNÉGALAISE

L’ALLAITEMENT

L’allaitement est exclusivement réservé à la mère et se fait aux yeux de tous, le sein n’a donc pas de fonction érotique mais nourricière et sécurisante.

Le sein est à la disposition de l’enfant, dés lors que ce dernier s’agite la mère lui proposera le sein. De ce fait l’accès au sein à tout moment, favorise la reconnaissance de l’enfant et crée un environnement de permissivité.

Ce climat affectif singulier soustrait l’enfant aux effets négatifs de l’angoisse.

LE PORTAGE

L’enfant dés la naissance vit sur le dos de sa mère, enveloppé dans un léger tissu, ses bras et ses jambes sont libres.

Le portage présente de nombreuses vertus :

  • Il atténue les traumatismes liés à la naissance et prolonge l’apesanteur intra-utérine.
  • Il favorise le développement postural et la prise de conscience du corps.
  • Il permet à la mère de percevoir les mouvements et les émotions du petit.
  • Il  permet à l’enfant d’être en contact avec le monde qui l’entoure.

Les autres femmes participent au portage, de ce fait l’enfant devient l’enfant du groupe et la relation duelle mère/enfant est diminuée.

LE MASSAGE

Le massage est une pratique essentielle et codifiée. Soutenue dans différentes position, l’enfant est enduit d’un corps gras et chaque partie de sont corps est massée, ce rituel a lieu tous les jours depuis la naissance jusqu’à l’âge de 4 mois.

La stimulation sensorielle favorise le développement, elle a pour but de donner à l’enfant de la force et la conscience de son corps.

Après le sevrage, les adultes tout en exerçant un contrôle, éduquent dans un climat de liberté. C’est au sein du groupe et de la fratrie que l’enfant évolue, une société enfantine où les enfants reproduisent la société adulte se met en place. Dans ces groupes où les ainés sont responsables des plus petits, vont naitre les conflits et hiérarchie ainsi que la fraternité et la solidarité.

De ce fait, la référence à la loi du groupe et non celle du père  a pour fonction de limiter le développement de l’agressivité ou de mieux la contrôler. D’autre part, l’enfant acquière un sentiment de liberté intérieure.

Dans la culture africaine où l’enfant est intégré à un groupe d’individus de tout âge, où le maternage et l’éducation sont plus intuitifs qu’analytique, l’investissement est dans l’être et non l’avoir.

De plus, l’éducation ne se base pas sur la contrainte mais sur la révélation sociale de l’être.

CHAQUE SOCIÉTÉ A UNE MANIÈRE PARTICULIÈRE DE CONCEVOIR L’ÉDUCATION

Le modèle ethnologique est riche d’enseignement et nous permet de mieux saisir l’influence de la culture sur nôtre perception du monde.

La célèbre ethnologue Margaret Mead s’est penchée sur les modèles culturels des sociétés traditionnelles en Océanie. Elle observe que nos rôles sont imposés par le modèle culturel dans lequel nous évoluons. Ses travaux soulignent l’interaction constante entre personnalité et société.  

Françoise Dolto, quant à elle, a contribué à changer les croyances sur l’éducation, en insistant sur la notion de respect que nous devons accorder au petit individu.

En effet, le respect diffère de la notion d’amour, en ce sens où l’amour se confond avec possession, étouffement ou dépendance.

Éduquer un enfant c’est respecter son individualité, ses désirs et ses rythmes. Le point essentiel du message de Dolto est de reconnaitre l’enfant dans son identité familiale, son histoire, l’aider à se construire c’est lui apprendre le respect de lui-même en l’écoutant et en lui parlant.

Enfin, retenons que dés la naissance, l’enfant est plongé dans un environnement qui a pour rôle de le nourrir tant au niveau matériel (son corps) que spirituel (son esprit), l’évolution ou la régression du petit individu est favorisée par le climat affectif et moral créé par ses parents.

« L’enfant est un hôte de passage et la mère l’hôtellerie où il s’arrête, afin d’emprunter un vêtement pour continuer sa route »

Sagesse bouddhiste