
Le jeu est l’une des manifestations les plus frappantes de l’enfance. Dés son plus jeune âge, l’individu commence son apprentissage en jouant.
Ainsi que le théorisait Winnicott, le jeu succède aux mécanismes d’investissement « transitionnel », qui s’effectuent depuis la première utilisation d’un objet à la capacité de l’individu pour l’expérience culturelle.
Selon lui, le jeu permet de mettre la productivité imaginaire au niveau d’une première symbolisation, qui aura son sens dans les phénomènes d’imagination créatrice et d’invention dont le jeu représente le fondement premier.
LE JEU SYMBOLIQUE OU JEU D’IMITATION, « DE FAIRE SEMBLANT », « DE FAIRE COMME SI »
Il est aussi l’expression de l’inconscient, en jouant au « faire semblant », l’enfant évoque des éléments de son vécu, met en scène son imaginaire, ses intuitions, sa créativité.
Piaget nous rappelle que l’enfant, par le jeu symbolique, trouve un équilibre intellectuel et affectif.
« Il est donc indispensable à son équilibre affectif qu’il puisse disposer d’un secteur d’activité dont la motivation ne soit pas l’adaptation au réel mais au contraire l’assimilation du réel au moi, sans contrainte ni sanctions : tel est le jeu, qui transforme le réel par assimilation plus ou moins pure au besoin du moi. »
J. PIAGET
Freud dans Au delà du principe de plaisir, décrit chez un enfant de 18 mois, une première activité symbolique émergeant d’une activité sensorimotrice et répétitive, jeter et attraper une bobine, qui symbolise la présence et l’absence de la mère. Dans le cadre de la théorie de l’esprit, la fonction attribuée à l’objet témoigne de la prise en compte (par l’enfant), du point de vue de l’autre.
Le jeu symbolique apparait vers 18 mois et connaît son apogée entre 2 et 6 ans, lorsque le petit individu fait semblant d’exécuter une action en dehors de son contexte (semblant de dormir, manger…).
Les jeux d’imitation s’appuient sur la production de scénarios, les objets familiers déclenchent la production d’action, l’enfant va reproduire des gestes, prononcer des mots et expression qu’il a entendu dans son quotidien.
Le fait de rejouer des scènes de son quotidien, va permettre à l’enfant de trouver des issus, plus conforme à celles qu’il peut accepter. En d’autres termes, il va rejouer la réalité afin de l’intégrer, de l’accepter et de prendre des initiatives.
AVEC LES PAIRS
Avec ses pairs, l’enfant va intégrer de nouvelles pratiques qui enrichiront le jeu d’imitation. D’une part il va découvrir de nouvelles perspectives de résolution, d’autre part, de nouvelles sources de créativité.

En effet, l’enfant n’est plus limité à utiliser les objets présents, mais collabore avec ses camarades (jeu de rôle, invention d’histoire) : ainsi le jeu à plusieurs se complexifie.
Vigostsky montre que le jeu de faire semblant entre pairs, favorise le développement des capacités d’autorégulation. En effet, l’enfant garde en mémoire son persona et celui des autres (planification et mémoire de travail), il inhibe des comportements non conformes au rôle qu’il incarne (inhibition), enfin, il s’adapte au interactions imprévues provoquées par le scénario (flexibilité).
LE JEU SYMBOLIQUE ET LE LANGAGE
Force est de constater que le langage joue un rôle important dans l’appropriation du jeu symbolique, en effet, c’est durant celui-ci que l’enfant parle le plus. Le jeu symbolique provoque le monologue et les interactions langagières (communiquer/évoquer).

Au delà de représenter une activité récréative, le jeu est essentiel au développement. Il permet au tout petit de découvrir et comprendre le monde qui l’entoure.
C’est grâce au jeu que le petit individu développe ses aptitudes motrices et sensorielles, son intellect, son langage ainsi que son potentiel social.