L’INCONSCIENT DES PARENTS A-T-IL UNE INFLUENCE SUR L’ENFANT À NAÎTRE?

EN QUOI L’INCONSCIENT DES PARENTS A-T-IL UNE INFLUENCE SUR L’ENFANT À NAÎTRE ?

La notion d’inconscient est définie par FREUD comme un ensemble de pensées et de représentations refoulées.

Nos pulsions tentent de se manifester à la conscience par des comportements (actes manqués, lapsus, ou attachements affectifs que nous éprouvons envers les objets…). Ces représentations ne sont pas observables directement et nécessites une méthode afin de les expliquer.

L’inconscient joue un rôle important dans nos choix. Le choix du partenaire et le désir d’être parent sont déterminés en fonction de notre vécu (de notre inconscient).

 « À  l‘origine de la vie, trois désirs inconscients seraient en jeu : celui du père, celui d’une mère et celui d’un nourrisson à naître. (…) Le désir de s’incarner est probablement le désir d’être le représentant de la rencontre de deux êtres géniteurs »

F. Dolto

Dés sa conception, l’enfant est sujet de désir : le désir de maternité ne s’inscrit pas de la même manière que celui d’être père. 

Pour FREUD, le désir d’enfant serait pour la mère, un désir passif relayant le désir actif du pénis. Ce désir incestueux qui a lieu pendant la période de l’œdipe serait vécu avec plus d’intensité lors de la première grossesse.

Pour l’homme devenir père c’est entrer en rivalité avec la figure paternelle et prendre inconsciemment la place de son père.

Selon les parents que l’on a eu, notre vécu dans l’enfance, l’individu est plus ou moins prêt à s’engager dans son rôle de parent.

Pour Serges LOBOVICI, au delà de l’acte de procréation, qui nécessite un rapport sexuel sans protection à une date favorable du cycle menstruel, devenir parent sur le plan psychologique est une tache difficile, dans le sens où cela suppose d’accepter l’intrication d’élément biologiques, psychologiques et culturels que comporte la parentalité. 

Pour lui, envisager la parentalité est un processus de succession de générations impliquant des conflits transgénérationnels : c’est à dire de l’histoire des parents et des grands-parents. Les parents transmettent à l’enfant des contenus conscients, inconscients, ainsi que des valeurs familiales.

La relation mère-fille est un bon exemple de conflit transgénérationnel, la jeune fille se voit adopter un comportement de prudence quant à l’annonce  de sa grossesse, elle annonce à sa mère son statut de grand-mère, et contracte une forme de dette symbolique à l’égard de sa mère.

La vie imaginaire et fantasmatique du bébé va se construire progressivement à partir de celle de ses parents : de ce point de vue certain chercheurs vont parler d’interaction imaginaires et fantasmatiques.

LEBOVICI  prend en compte l’influence réciproque de la vie psychique de la mère et celle de son bébé dans leurs aspects imaginaires, conscient et inconscients, pour distinguer deux notions : « l’enfant imaginaire » ou conscient, qui  représente l’enfant des rêveries maternelles auxquelles se rattache  les espoirs et les craintes (sexe, corps, caractère, valeurs et affects), et « l’enfant fantasmatique », inconscient, ou l’enfant œdipien, c’est l’enfants du père, du grand-père maternel qui donnera sens à l’interaction comportementale (l’investissement de l’objet par les pulsions ou les désirs).

Monique BYDLOWSKI met en évidence l’état de susceptibilité de la femme enceinte. Selon elle, l’enfant envahit progressivement le psychisme de la mère, cet état serai comparable à un état amoureux ; c’est ce surinvestissement sur le mode narcissique de l’enfant qui expliquerait ce qu’elle nomme « la transparence psychique » : ainsi cette transparence psychique laisserai l’inconscient plus actif. C’est ce que WINNICOTT appelle la « préoccupation maternelle primaire ».

Dans son article célèbre sur « préoccupation  maternelle primaire », WINNICOTT décrit les remaniement psychiques qui apparaissent chez la mère au cours de la grossesse, et pouvant durer après l’accouchement : c’est un état psychologique d’hypersensibilité : il nous explique que cette préoccupation est un aspect de la personnalité de la mère temporaire qui fournit un cadre essentiel à l’enfant, puisque celle-ci se met à la place de son bébé pour  répondre à ses besoins 

QU’EN EST-IL DU PÈRE ?

Avec une naissance, une femme devient mère, un homme devient père. 

La paternité est une construction intellectuelle et l’arrivée d’un enfant va représenter pour le père la consolidation de sa lignée.

Si la mère est fondatrice de l’identité de l’enfant, le père n’en est pas moins, il ne porte pas le fœtus et c’est par l’intermédiaire de la mère qu’il est reconnu comme tel. 

La génétique nous apporte des réponses quant à la présence du père  dans le ventre de la mère: le clonage nous à permis de mettre en évidence les affirmations de F. DOLTO, qui stipule la présence du père dans l’utérus de la mère via le placenta.

En effet ce sont les gènes du père qui permettent la fabrication du placenta (nécessaire à la survie du fœtus). Présent tout au long de la grossesse, le placenta étant expulsé après l’accouchement du nourrisson.

Dés la conception, la triangulation mère-père-enfant commence : durant la vie intra-utérine, le fœtus entend la voix du père. Une relation est établit par le toucher qui plus est.

Comme le souligne F. DOLTO le père est le représentant de la loi sociale, il est un pivot indispensable, du fait de son rôle castrateur et séparateur, il promeut l’individuation : sans référence à un père, il y a danger pour l’enfant d’être engagé dans un relation déséquilibrée/fusionnelle avec sa mère.

Des études ont permis de mettre à jour le vécu des pères durant la grossesse et montrent que l’implication de celui-ci, son expérience de la période de grossesse varient en fonction de la culture et des tradition, mais aussi de son propre vécu. 

Durant la grossesse, les comportements paternels sont variables, des troubles peuvent apparaître, comme la jalousie du père envers le fœtus ou une activité sexuelle réduite. 

Il apparait chez certains un syndrome : « la couvade », qui relève de la complexité de l’identité paternelle, et d’autre part reflète le vécu du futur père. Les symptômes relatifs à ce syndrome son d’ordre psychosomatiques (prise de poids, état d’angoisse, saute d’humeur, troubles digestifs…), c’est comme-ci l’homme vivait la grossesse physiquement.

Ces exemples de recherche me paraissent dresser un état des lieux de l’aspect parental de la grossesse. Ceci permet de mettre en avant leur inconscient ainsi que certains de leurs états psychologiques durant la période fœtal.

Revenons à notre question, et tentons de faire le lien entre l’influence de l’inconscient des parents et leur enfant à naitre.

Nous savons que les capacités de perception du fœtus en lien avec les ressentis de la mère, ont un impact direct sur lui. Les études suggèrent que les évènements vécu in utero laissent des traces.

Toute grossesse est marquée par les désirs inconscients des parents, qui auront toute leur importance dans le développement psychique et l’identité de l’individu conçu.

En effet lorsque le nourrisson vient au monde il est chargé de l’histoire parentale et familiale des deux parents, durant la grossesse l’enfant est parlé, pensé : les parents vont être envahis de projections conscientes et inconscientes liées au physique et au comportement de leur futur bébé. 

La part d’inconscient des parents est considérée comme un héritage psychique.

Notons que la première échographie va diminuer l’intensité de cet imaginaire, à contrario la découverte du sexe de l’enfant va intensifier les projections. 

C’est à ce moment que le choix du prénom apparait, motivé et chargé des désirs inconscients et de l’imaginaire des parents, alors même que ce choix semble conscient. 

Dans certaines cultures le premier enfant mâle portera le prénom de son grand-père paternel, ou celui d’un défunt précédant la naissance.

Ces choix vont inconsciemment avoir pour fonction de restaurer une histoire familiale, dont l’enfant se verra chargé tout au long de son existence (toujours de manière inconsciente).

Ainsi, nous avons vu que la conception d’un enfant provoque chez les futures parents une période de crise identitaire et de maturation psychologique. 

C’est, passer de le dimension individuelle à la notion de vie de couple dans la perspective de construire une triade dont le produit est l’enfant. 

La conception d’un enfant se présente comme une démarche consciente, elle est cependant truffée de multiples significations et de désirs inconscients.

Nous avons pu constater que les liens et les projections des parents sur l’enfant à naitre se tissent tout au long de la grossesse. ils seront le symbole de l’intérêt des parents envers leurs futur bébé, et détermineront leurs comportements.

De nombreux auteurs ont mentionné l’importance de ces relations précoces parents-enfant.

Après la naissance, l’enfant est porteur de souvenirs, JUNG parle d’une « combinaison psychique,(…) d’influence réciproque, d’inconscient à inconscient », sur laquelle l’enfant va s’appuyer pour se construire…