
On retrouve dans l’histoire de l’humanité, de nombreux témoignages de pratiques sexuelles dites perverses.
Les anciens livres comme le Shijuuhatte japonais, le Bréviaire de l’amour chez les musulmans, ou les poteries grecques et romaines témoignent des façons de parvenir à l’extase, et des nombreuses mœurs que l’on pourrait considérer comme perverses de nos jours.
Le Kamasutra, par exemple, suggère des pratiques sadiques, comme les griffures et les morsures.

En occident, la tradition judéo-chrétienne, la psychiatrie, ainsi que la psychanalyse, considèrent l’utilisation de la douleur comme des pratiques à part, et les qualifient de perverses.
On parle de perversion dés lors que, la violence est la condition sine qua non de l’accès au plaisir génital, Freud souligne que « seul ce cas extrême mérite le nom de perversion ».
https://psychopsycha.com/blog/perversion-et-perversite/les-perversions-sexuelles-ou-paraphilie/
« Désir de faire souffrir l’objet sexuel, ou le sentiment opposé, le désir de se faire souffrir soi-même. »
S.Freud
Les perversions sadiques et masochistes ont été décrites en 1890 par Krafft-Ebing. Depuis lors, ces troubles sexuels sont les plus étudiés.
En 1905, Freud décrivait le sadisme et le masochisme comme « la plus fréquente et la plus significative de toutes les perversions ».
Le sadisme et le masochisme en tant que trouble, représentent des problématiques cliniques distinctes, et ce malgré leur caractère commun d’accéder à la jouissance par la douleur et l’humiliation, dans des conditions précises, par un sujet consentant.
LES PULSIONS À L’ŒUVRE
https://psychopsycha.com/blog/fantasme-desir/la-pulsion/pulsion-de-vie-pulsion-de-mort/
Le but de la pulsion est la satisfaction ou l’apaisement des tensions qu’engendre l’excitation interne. Dans le cas du sadisme et du masochisme le but de la pulsion semble viser le déplaisir.
En d’autre termes, sadisme et masochisme sont liés à des manifestations de pulsion de mort :
- Le sadisme : pulsions destructives tournées vers l’extérieur
- Le masochisme primaire : pulsions destructives tournées vers l’intérieur
LA PRISE EN COMPTE DU SURMOI
https://psychopsycha.com/blog/la-personnalite/structure-de-la-personnalite/
C’est durant le développement du surmoi (les interdits parentaux, règles, lois) que des pulsions d’agression envahissent le moi et s’y fixent.
En rentrant dans la voie de la réalité du monde, l’être humain est « agressé » (confronté aux règles, à l’autorité), le Surmoi est sous l’emprise de la sévérité et de la crainte.
Le surmoi est lié à la pulsion de mort, les manifestations de la tension entre le moi et le surmoi sont le sentiment de culpabilité et la recherche de punition inconsciente dans le cas du masochisme.

Le sadisme engendre le plaisir de la domination, le masochisme celui d’être dominé.
Le besoin sexuel est vital pour l’espèce humaine, d’autre part, il engendre le besoin de l’autre, contrairement aux autres besoins primaires comme boire, manger et dormir, qui ne nécessitent pas l’autre.
Dans la perversion l’autre est instrumentalisé. Il y a dans le sexe une forme d’instrumentalisation de l’autre, il y a domination.
Accroitre cette domination en y intégrant la souffrance est le propre de la perspective sadique et masochiste.
Cela renforce l’objectivation de l’autre où ce dernier est instrumentalisé, l’autre devient la chose du sadique et du masochiste.
Le plaisir dans la souffrance, dans la cruauté, est lié au sentiment de supériorité, il y a dans le sadisme une part de domination, excitante sexuellement pour le sujet.
LE SADISME
Le sadique est caractérisé par un individu qui accède à la jouissance sexuelle à condition de faire souffrir réellement la personne qu’il a choisie comme objet, il accomplit son acte en se conformant à des rites propres à lui.
Le sadique varie du simple piqueur de fesse au meurtrier. Il peut aussi s’agir d’un persécuteur anonyme (par lettre, téléphone ou par calomnie), ou d’un individu qui passe par des formes de violences sexuelles répétitives.
Au delà des description théoriques de la perversion sadique, l’expérience analytique a permis de préciser les critères.
Le sujet se dit en proie, lors de l’acte sexuel, à une envie réelle de faire du mal à l’autre, afin de soulager la pression interne ressentie, dans un but de maîtrise.

L’objectif poursuivit par le sadique, consiste en réalité à braver les idéaux, à défier la loi, au delà de la satisfaction de faire souffrir.
C’est pourquoi certains sadiques vont jusqu’à commettre des délits phénoménaux et même le meurtre.
Il choisit généralement des personnes fragiles, sans défense, valorisées dans l’imaginaire collectif, car ils incarnent des personnages idéalisés. En les soumettant à ses exigences destructrices, le sadique atteint l’acmé de la satisfaction.
LE MASOCHISME
Pour le masochiste, la question qui s’impose est : Comment un individu peut-il ressentir du plaisir à souffrir ?
En effet, la recherche de plaisir est essentielle, dans la logique, l’être humain fuit la souffrance.
Dans le cas du masochisme il y a un paradoxe certain, le plaisir passe par la souffrance/ l’autodestruction, la satisfaction est tirée du fait d’être dominé par l’autre.
Une des hypothèses de Freud parle du lien avec les situations enfantines où les parents étaient dans le rôle du protecteur. Dans cette perspective masochiste l’autre va être envisagé comme fort, et protecteur.

De plus, on parle de masochisme moral, chez les individus qui « en raison d’un sentiment de culpabilité inconscient, recherche la position de victime sans qu’un plaisir sexuel soit là impliqué » (Laplanche & Pontalis)
LE SADOMASOCHISME
Lorsque le destin de la pulsion est le « renversement dans le contraire », une dualité liée au refoulement s’exerce, et le sujet passe de l’activité à la passivité : inversion du sadisme en masochisme ou du masochisme en sadisme.
Au delà de la perversion sexuelle, le sadomasochisme est un mode de fonctionnement, un mode de relation qui concerne l’ensemble des individus.
Il existe, en effet, une relation de souffrance dans la plupart des couples amoureux, amicaux, dans les fratries ou au travail.
