GRANDS-PARENTS/PETITS-ENFANTS – Quel est le rôle des grands-parents dans l’éducation de l’enfant?

Si la grand-parentalité assure la mission de la transmission de l’histoire familiale, les grands-parents sont aussi les gardiens du réconfort, de l’apaisement des tensions. D’autre part, ils peuvent éveiller des conflits intrafamiliaux, et devenir un poids plutôt qu’un soutien…

L’accession à la grand-parentalité peut être, attendue ou « subit ». En effet, on ne choisit pas le moment où l’on devient grand-parent, ce sont les enfants qui font que leurs parents deviennent « mamie » ou « papi ».

Les spécialistes de l’éducation ont longtemps considéré que les interactions entre les grands-parents et leurs petits enfants étaient peu stimulantes.

Or, de nombreuses études montrent que ce lien entre les générations profite au deux parties.

QU’EST-CE QUE LA GRAND-PARENTALITÉ?

Selon A. Thevenot, le terme de grands-parents désigne une place particulière : un individu à une place généalogique, ou le parent d’un des parents.

La grand-parentalité concerne trois générations, celle des petits-enfants, des parents et des grands-parents, et sont intrinsèquement liées entre elles. En d’autres termes, la place de grands-parents prend racine dans le lien que le grand-parent a construit avec ses propres enfants.

De plus, Thévenot considère que la position de grand-parent implique un repositionnement, une nouvelle identification : accepter de perdre l’exclusivité de la position parentale pour le future grand-parent.

Ce remaniement n’est pas sans conflits, et peut engendrer une non-différenciation générationnelle, c’est à dire que le petit-enfant et son parent ont, fantasmatiquement, une seule et même place d’enfant pour le grand-parent.

RÔLE DU GRAND-PARENT

La définition du rôle du grand-parent dépend d’un mélange de facteurs psychologique, socio-culturel et relationnel.

Rosow parle de « ténuité » ou manque de spécificité du rôle de grands-parents, en ce sens où, leur rôle est plus restreint et moins actif que celui des parents. Selon lui, c’est cette « ténuité » qui pousse chaque grand-parent à définir son rôle de manière personnelle, ce qui donne lieu à toute une variété d’ajustements relationnels au sein de la famille.

COMPORTEMENTS PATHOGÈNES ET CONFLITS

Les grands-parents peuvent contribuer à générer potentiellement des comportements pathogènes chez leurs petits enfants.

De Tychey met en évidence le caractère protecteur des grands-parents, de même que le caractère pathogène que peut parfois générer la grand-parentalité.

En effet, l’investissement grand parental peut avoir une influence positive pour le petit-enfant, à condition qu’il soit adapté aux sollicitations des parents. En revanche, il peut devenir délétère s’il est intrusif ou s’il sert à soulager les blessures.

La perception que les parents ont du soutien affectif reçu, est étroitement liée à leurs attentes, pour que la fonction des grands-parents soit positive il est nécessaire que le soutien apporté soit approuvé par la mère et le père.

Concernant le caractère protecteur des grands-parents, il définit la fonction « pare-excitante » mise en œuvre par la mère, qui consiste à « protéger l’enfant des tensions et excitations d’origine externe (et interne) auxquelles il a à faire face et qui dépassent ses possibilités d’adaptation ».

Pour De Tychey, le relais de cette fonction à la fois de sécurisation, de protection et d’apaisement doit être pris par l’un des grands-parents uniquement lorsque les parents ne sont plus en mesure d’assurer ce rôle.

En effet, après une séparation, un deuil, ou tout évènements pouvant altérer le rôle des parents, ces derniers sont face aux contraintes et au stress qui rendent le quotidien difficile à gérer. Par conséquent, le soutien apporté par les grands-parents est nécessaire, et aura pour fonction l’apaisement (de l’enfant notamment).

GRANDS-PARENTS AIDE OU FARDEAU?

Dans un second temps, De Tychey montre que dans certain cas, les grands-parents peuvent exercer une fonction pathogène.

Les grands-parents sont un point de repère à la fois pour l’enfant et le parent. Un niveau d’implication inapproprié, comme une prise en charge complète, pourrait entrainer l’apparition ultérieure de troubles comportementaux chez l’enfant.

Certaines grands-mères fragiles utiliseraient leurs petits enfants pour cicatriser leurs blessures, souvent liées aux tentatives de départ de leurs propres enfants. Le petit-enfant serait alors investi sur le mode narcissique, par conséquent, ces grands-mères entretiennent une relation fusionnelle avec leur petit-enfant, et montrent une affectivité plus directe ainsi qu’un engagement émotionnel que peuvent leur reprocher les parents. De ce fait, ces comportements engendrent des conflits intergénérationnels.

D’autre situation peuvent engendrer des conflits, comme les cas des grands-mères possessives, qui s’empressent de s’introduire dans la vie du ménage sous prétexte d’aider. Lorsque le fils ou la fille de cette « envahisseuse » sont incapables de poser des limites les conséquences pour le petit enfant peuvent être nocives.

Les grands parents sont aujourd’hui actif et dynamiques, ils sont présent et s’occupent régulièrement ou ponctuellement  de leurs petits-enfants, en ce sens, les interactions entre petits-enfants et grands-parents sont importantes de même qu’elles sont uniques.

Ces relations sont, pour la plus part, faites d’amour, de complicité et de souvenirs.

Force est de constater que la grand-parentalité engendre une réorganisation psychique, d’une part, d’autre part un remaniement dans les relations intergénérationnelles, ce qui nécessite une part de compréhension et de patience pour chacun des membres de la famille.

Ainsi, il est indispensable que les grands-parents adoptent la « bonne distance ».

Pour le bien de tous, il est essentiel de respecter le choix des parents, et de les soutenir selon leurs besoins et leurs demandes.