
La sexualité humaine est d’une incroyable diversité, pour arriver à la jouissance les individus disposent d’une imagination sans limites…
Depuis quelques années, on assiste à une montée en force des perversions sexuelles. Il semblerait que des pratiques inquiétantes occupent le devant de la scène, documentaires, affaires de pédophilie, zoophilie, tourisme sexuel, pornographie… de plus en plus, nous sommes confrontés aux déviances…
QU’EST-CE QU’UNE PARAPHILIE ?
Il s’agit d’une sexualité pathologique, déviante, qui entraîne une gêne, une souffrance chez l’individu, altérant son insertion sociale.
Le terme de déviance, renvoie à la notion de norme, or, la norme n’est jamais universelle et évolue dans le temps. De plus, elle peut être légale, statistique, morale ou religieuse.
De ce fait, certaines pratiques, dans le domaine de la sexualité, peuvent être considérées comme anormales culturellement ou religieusement, et au contraire, tolérées dans d’autres sociétés.
LES PERVERSIONS SEXUELLES SEMBLENT FAIRE PARTIE DE L’HUMANITÉ
On rapporte que la Rome antique fût marquée par une ambiance perverse, où l’assouvissement des fantasmes, le plaisir et la jouissance sans contrainte, étaient considérés comme normaux.

Connue pour ses empereurs peu soucieux de la morale, qui s’adonnait à des pratiques fort étranges, la Rome des César fût marquée par la débauche sous toutes ses formes.
Au moyen âge, l’être humain par l’acceptation de la souffrance peut obtenir le salut, de ce fait, bon nombre de pratiques déviantes seront considérées comme solidaires de la sainteté.
Ainsi les pratiques de destruction de soi, les actes de mortification comme la flagellation, l’ascèse ou l’ingestion de matières fécales, étaient courantes.

La morale chrétienne, jusqu’à la fin du XVIIIe, gérait et condamnait les pratiques sexuelles jugées criminelles (pratique sodomite), avec pour châtiment, le bûcher.
La médecine, quant à elle, condamna l’onanisme, jugeant que cette pratique était à l’origine de dégénérescences.
DE LA RÉPRESSION À LA COMPRÉHENSION
Le pionnier de la sexologie fût Richard Von Krafft-Ebing, qui publia un ouvrage en 1886, dans lequel il propose un exposé de « la pathologie sexuelle générale », avec comme but, une réflexion moins moraliste.
Cet ouvrage, rédigé dans une réelle démarche scientifique, a le mérite d’avoir communiquer une nouvelle façon de concevoir les perversions sexuelles.

Les termes de sadisme et masochisme apparaissent. Le sadisme évoquant la jouissance retirée des souffrances infligées à son partenaire, le masochisme qualifiant les individus ayant besoin d’être humiliés par leur partenaire.
En cette fin du XIXe, la psychopathologie sexuelle suscite un intérêt croissant, et de nombreuses publications apparaissent en Europe.
Si l’on condamnait les pervers sexuels autrefois, leurs penchants deviennent source de souffrance, et ils apparaissent pour la première fois comme victime de leur tendance.
Les débuts de la psychanalyse allaient introduire une réflexion autour du développement sexuel de l’enfant et l’origine des déviations sexuelles.
Freud en 1905, dans son ouvrage Les Trois Essais sur la Théorie de la Sexualité, avance l’hypothèse selon laquelle, les perversions sexuelles proviendraient de l’expérimentation des plaisirs, acquise durant les premiers stades du développement.
Sa théorie sur les mécanismes de la perversion, est conçue comme une attitude du sujet face à la différence des sexes.

La psychanalyse qualifie de « pervers » les individus qui accèdent au plaisir sexuel que par l’intermédiaire d’un objet, d’une pratique ou d’un scénario qu’ils ont choisi inconsciemment et qu’ils inscrivent dans la réalité.
PARAPHILIE, DÉVIATIONS SEXUELLES OU PERVERSION ?
Le mot perversion est de moins en moins utilisé dans la terminologie psychiatrique mondiale, remplacé par les termes de paraphilie, déviations sexuelles ou trouble de la préférence sexuelle.
En revanche, le langage courant pour désigner les déviances sexuelles est attaché aux notions de perversité et de perversion.
La psychanalyse quant à elle, tend à limiter l’emploi du mot perversion pour qualifier les troubles du comportement sexuel, dans le sens où, elle considère la perversion comme une structure.
https://psychopsycha.com/blog/la-personnalite/structure-de-la-personnalite/
La perversion peut apparaître chez les individus les plus divers, de façon épisodique ou durable. Elle désigne une organisation psychique stable et est caractérisée par des comportements et des symptômes.
De plus, un pervers peut ou non avoir un comportement sexuel paraphile.
En effet, les individus souffrant d’une sexualité déviante peuvent présenter, ou non, un trouble de la personnalité de type pervers. Il est important de faire la différence entre l’acte et l’auteur.
CLASSIFICATION
Les classifications des déviances sexuelles sont nombreuses, et s’inspirent pour la plupart, de la conception psychanalytique qui distingue:
- La perversion du but : centrée sur ce qui permet l’accomplissement de la pratique, la participation du partenaire est volontaire ou non.
- La perversion d’objet : centrée sur la nature du partenaire, le choix de l’objet peut être humain ou non humain.
Le DSM, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, qualifie la paraphilie comme « un fantasme, une impulsion ou un comportement sexuel récidivant et sexuellement excitant, survenant depuis au moins six mois et provoquant un désarroi cliniquement significatif ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants ».

Les différentes paraphilies sont, entre autre :
- Les perversions de but : sadisme et masochisme, fétichisme et travestisme, exhibitionnisme et voyeurisme.
- Les perversions d’objet, dites extrêmes : viol, inceste, pédophilie, nécrophilie, zoophilie, gérontophilie.
Depuis les années 70, l’homosexualité n’est plus considérée comme une déviances sexuelles, et n’est plus mentionné dans le DSM.
https://psychopsycha.com/blog/perversion-et-perversite/lhomosexualite/
Au delà des classifications et descriptions des déviances, chaque paraphilie a sa structure propre, ses mécanismes et soubassements inconscients ; la singularité de l’individu fait que la diversité des perversions est difficilement accessible à une compréhension totale.

Les jeux érotiques qui intègrent des conduites sadomasochistes, des accessoires, des déguisements ou des objets dans le but de générer l’excitation, ne sont pas pour autant à situer dans le champ des « perversions » sexuelles.
Il s’agit d’un trouble, lorsque la conduite dite déviante est compulsive, indispensable pour parvenir à la jouissance, et que toute la sexualité de l’individu est organisée autour de ce comportement.
La perversion, même si elle nécessite la participation de l’autre, ce dernier n’est qu’accessoire, (rappelons que le trouble de la personnalité dite perverse dépend de critères précis : narcissisme, et utilisation l’autre comme objet de satisfaction de son propre plaisir, sans aucun sentiment de culpabilité).
https://psychopsycha.com/blog/perversion-et-perversite/

L’avènement des nouvelles technologies a modifié les liens sociaux et le rapport à soi, il semblerait que l’individu soit de moins en moins prédisposé à entreprendre une relation basée sur le partage.
De ce fait, les questions liées au couple, au sexuel ainsi qu’aux perversions sont plus que jamais d’actualité.
Force est d’observer la banalisation des média, voir l’incitation aux pratiques déviantes sous couvert d’information et de dénonciation…

Enfin, la société offre de nombreuses possibilités d’expression, les perversions excellent à travers l’art.
De « L’Empire des sens » au film pornographique, des toiles les plus somptueuses aux graffitis les plus obscènes, les perversions ont toujours fait partie de l’existence humaine.