LA FAMILLE MONOPARENTALE / Ses implications dans le développement de l’enfant

Au milieu du XXe siècle, une famille se composait d’un homme et d’une femme avec un ou plusieurs enfants, unis sous les liens sacrés du mariage.

Aujourd’hui, la famille se trouve de plus en plus fragilisée. Le nombre de divorces et de séparation étant en forte augmentation, la plus vieille institution des sociétés humaines vit une profonde mutation, tant dans sa forme que dans son contenu.

Par définition, la famille est un groupe de personne dont les membres sont unis par des liens légaux, des liens affectifs, de parentalité, de dépendance ou de confiance.

De nos jours, une famille ne prend pas nécessairement son origine dans le mariage et se présentent sous divers aspects : elle peut être recomposée, pacsée, homosexuelle ou monoparentale.

QU’EST-CE QU’UNE FAMILLE MONOPARENTALE?

La configuration d’une famille monoparentale se reconnaît comme étant un ménage composé d’un seul parent ayant à sa charge au moins un enfant.

La notion de « famille monoparentale » apparait en France dans les années 70, au moment de la progression des séparations et des divorces.

Depuis lors, le nombre des familles monoparentales n’a cessé de s’accroitre et la monoparentalité a pris une place importante dans le paysage familiale.

Il y a 50 ans, la monoparentalité concernait essentiellement un veuvage, aujourd’hui, elle est en majorité liée à l’augmentation des divorces, ainsi qu’à l’évolution du regard porté sur les « mères-filles ». 

On remarque que dans environs 85% des cas les familles monoparentales sont constituées par des mères seules.  De ce fait, beaucoup d’enfants grandissent « sans le père ». Les études montrent qu’un enfant sur trois n’entretient pas de relation avec son père ou très peu.

Dans l’idéal, pour se construire, les enfants ont besoin de deux modèles d’identification, cependant lorsque l’un des parents est peu présent ou absent,  il ne laisse pas pour autant « un vide » dans la construction identitaire du petit ; en effet, la société qui l’entoure, abreuve l’enfant de modèles et de code sociaux sexués.

Ce n’est pas parce qu’un individu grandit sans l’un de ses parents, qu’il n’entretient pas l’image du parent absent : c’est essentiellement le parent présent qui, sur le plan symbolique, fait exister l’image du père ou l’image de la mère.

Force est de constater que le parent présent est souvent tenté de parler de l’autre, de manière péjorative, et ainsi véhicule une image négative à l’enfant.

Ce phénomène souvent lié à des séparations difficiles a des impacts dévastateurs sur le petit individu : dévaloriser l’autre, celui qui l’a engendré, c’est le dévaloriser lui-même, de même que nier l’existence du parent absent c’est nier la moitié de ses racines.

IL N’EST PAS AISÉ D’ÉDUQUER UN ENFANT, MAIS C’EST ENCORE PLUS DIFFICILE LORSQU’ON EST SEUL

Du coté des parents, les risques de faiblir sur le plan éducatif sont élevés, en effet, il n’est pas facile de gérer, entre la culpabilité, la fatigue ou le manque de temps.

De ce fait, les enfants présentent souvent des symptômes que l’on peut observer dans les familles composés d’un seul parent. Ils peuvent se comporter de manière agressive et présenter des trouble du comportement vis à vis de l’autorité, opposition, colères, agitation, troubles du sommeil, angoisse de séparation, trouble de l’apprentissage etc.

L’enfant issu de famille monoparentale peut développer un trouble de l’abandon. En effet, lorsque la séparation de ses parents surgit, c’est une véritable épreuve pour lui.

Symboliquement l’enfant se sent abandonné par le parent absent, d’autre part il se sent « abandonnant » du parent dont il ne partage plus le quotidien.

De ce fait, il va développer des stratégies psychoaffectives de protection : mutisme, sur ou sous investissement scolaire, repli, automutilation, des troubles des conduites alimentaire tels que l’anorexie, de même que des manifestations psychosomatiques comme l’eczéma.

Selon Reinach, l’abandonnisme est un état psychologique de sentiment d’insécurité permanent, lié à la peur d’être abandonné.  Il décrit ce trouble comme étant « une demande d’affection pour combler un manque originel » (séparation traumatisante), de plus, Reinach précise que les personnes abandonniques se confine dans un paradoxe : étant dans l’impossibilité d’accepter la séparation, elles recréaient des situations d’abandon, tout en ne supportant pas la frustration. Ce syndrome est caractérisé par des reproches aux parents, des demandes incontrôlables suivies de dénigrement lorsqu’elles sont assouvies.

Plus tard, à l’âge adulte, certains individus peuvent présenter un trouble de la personnalité borderline. Ce trouble, lié à divers traumatismes vécus, s’exprime par un manque de confiance en soi, des troubles thymiques, des relations sociales précaires, ainsi que des comportements auto-agressif.

En effet chez les individus dits « abandonniques », l’altération du moi (altération d’une bonne image de lui-même), les « déchirure narcissiques » conduisent le sujet à se réfugier dans les conduites défaillantes pour soulager la culpabilité liée au désinvestissement parentale. Ces comportements d’échec sont des tentatives de restauration d’une bonne image de soi-même.

Au delà des troubles psychiques inhérents à la séparation des famille, il est important de souligner que les individus ayant grandi avec un seul parent ne sont pas tous susceptibles de présenter des défaillances, de même que les enfants ayant grandi avec leurs deux parents, peuvent présenter ces même troubles.

En effet, la singularité du sujet, son vécu, ainsi que sa capacité à surmonter ou non les traumatismes sont déterminant pour le diagnostique de chacun.

Force est de constater que la posture de l’éducateur, la manière dont il accompagne l’enfant sont déterminantes dans le développement du petit individu.

Celui-ci se doit de préserver l’intégrité et le respect du jeune individu dont il a la charge, afin que l’enfant puisse être acteur de sa vie.

Enfin, le phénomène de la monoparentalité n’est pas un phénomène neuf, en augmentation depuis des décennies, la monoparentalité reste difficile à cerner. C’est un concept qui ne désigne pas un état en particulier, mais un ensemble de situations.

Diverse et évolutive, la monoparentalité tend à moins durer, en effet, le phénomène de la famille recomposée sous entend que la monoparentalité constitue aujourd’hui une simple phase de l’existence.

« Je ne peux pas supporter d’entendre ce mot « droit » de visite. C’est un devoir que le parent discontinu doit remplir. »

F. DOLTO

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