Transsexualité, Transidentité, Trouble d’identité de genre ou Dysphorie de genre

Chez la grande majorité des individus, le « sexe psychologique » ou le sentiment d’être femme/fille, d’être homme/garçon, se structure très tôt durant l’enfance.
Chez certains individus, conscients de leur sexe anatomique, il apparait une forme de décalage entre ressenti de féminité/masculinité et leur sexe anatomique.
La Transsexualité, Trouble d’identité de genre ou Dysphorie de genre désigne un trouble de l’identité sexuelle, caractérisé par la croyance permanente d’appartenir au sexe biologique opposé. Elle est considérée comme le trouble de l’identité sexuelle le plus sévère.
D’abord considéré comme maladie mentale, le transsexualisme est depuis peu retiré de la classification des troubles mentaux.
Les causes de ce trouble sont multiples et résultent d’un ensemble de phénomènes basé sur des facteurs biologiques, environnementaux et psychosociaux qui interagissent les uns les autres.

LE TRANSSEXUALISME EN OCCIDENT
Le transsexualisme relève d’une problématique identitaire dont les causes nous sont inconnues. En effet, il n’existe pas de véritable consensus sur la nature du trouble, ni parmi les médecins, ni parmi les praticiens spécialisés
Jusqu’au XXe le transsexualisme était considéré comme un délire partiel qui appartenait aux groupes des perversions sexuelles et des troubles mentaux. Or le sujet transsexuel n’est pas délirant, il est conscient de la réalité physique de son anatomie et ne nie pas son sexe de naissance, en ce sens la partie œdipienne (différences des sexes) est acquise.
Dans les années 60, le psychiatre J. Stoller approfondit la question de l’identité de genre. Il introduit la notion de transsexualisme en psychanalyse et apporte une distinction entre transsexualisme « primaire » et transsexualisme « secondaire ».
- Le syndrome transsexuel primaire apparaît très tôt dans l’enfance, et se caractérise par l’apparition d’un comportement féminin ou masculin précoce et très marqué.
- Le syndrome transsexuel secondaire apparaît plus tardivement à l’âge adulte, généralement après toute une vie entre travestisme et homosexualité.
TRANSSEXUALITÉ, HOMOSEXUALITÉ ET TRAVESTISME
Souvent, l’opinion publique fait la confusion entre homosexuel, transsexuel et travesti.
Le travestisme est une forme de fétichisme qui a pour but de susciter une excitation sexuelle. Un travesti est une personne qui aime se vêtir occasionnellement des vêtements du sexe opposé, mais qui n’implique pas un sentiment d’appartenance à l’autre sexe.
Un homosexuel est une personne sexuellement et affectivement attirée par un individu du même sexe. Le problème de l’identité sexuel « Suis-je un homme ? / Suis-je une femme ? » ne lui vient pas à l’esprit.
Le transsexualisme n’est pas un problème de sexualité ni une forme de fétichisme, mais un problème d’identité. Les personnes transsexuelles pensent qu’elles sont nées dans le mauvais corps et qu’elles doivent le changer afin d’appartenir à la catégorie de leur identité sexuelle.

Le transsexuel est profondément tourmenté par le décalage entre ses pulsions physiques (érection/ menstruation) et son sentiment intime d’appartenance à l’autre sexe mentalement.
Étant donné que la transsexualité relève d’un problème d’identité et non d’orientation sexuelle, il va de soi qu’une personne transsexuelle peut être aussi bien attirée par une personne du même sexe que par une personne du sexe opposée. L’attirance amoureuse et sexuelle correspond à l’hétérosexualité, l’homosexualité, la bisexualité ou l’asexualité.
LE CHANGEMENT DE SEXE
Pour la personne transsexuelle le principe de réalité est plus important que le principe de plaisir. Être transsexuel engendre une grande souffrance psychologique dont les conséquences peuvent être très graves: dépression, anxiété, désadaptation socio-professionnelle et affective, voire tentative de suicide et d’automutilation génitale.
Les thérapeutiques psychiatriques actuelles ne permettent pas de « guérir » et la transformation permet aux personnes transsexuelles d’être, de retrouver leur unicité psychisme-corps.
Cette transformation n’est pas parfaite, elle rend définitivement stérile et nécessite une prise d’hormones à vie.
Actuellement, la prise en charge des transsexuels voulant changer de sexe établit un protocole d’évaluation bien précis.
Il s’agit dans un premier temps, d’évaluer la souffrance, la nature du trouble de l’identité de genre et les conséquences psychosociales. Cette période d’observation est d’au moins deux ans.
Si à l’issu de cette évaluation, s’il est établit que le patient souffre d’un syndrome transsexuel primaire, que sa souffrance est réelle et durable, il y a de grandes probabilités qu’il soit soulagé par une intervention hormono-chirurgicale.
Bien que le changement de sexe apaise le sujet, le succès de ce traitement n’apparaît qu’avec le changement d’état civil. Sans cela les personnes transsexuelles restent « sans papiers ».

L’Iran, théocratie musulmane, est considéré comme le leader mondial de la pratique hormono-chirurgicale. En effet, ce pays a adopté une loi très progressive en matière de droit des transsexuels depuis les années 70. Le protocole de prise en charge se veut rapide (moins d’un an).
Cependant, dans ce pays où le climat patriarcal et religieux est omniprésent, la confusion entre homosexualité et transsexualisme entraine des dérives quant au désir réel des personnes subissant ce processus de changement de sexe.
En Iran, société profondément conservatrice, les homosexuels encourent la peine de mort et se voient contraints de se soumettre à un traitement chirurgical, ce qui entraine des conséquences désastreuses.
De plus, dans cette société où les rôles sociaux sont clairement définis, les réactions des familles sont mitigées.
LA QUESTION DU GENRE
À travers l’histoire de l’humanité, on retrouve de nombreuses traces de personnes transgenres, la question n’est donc pas moderne.
Le genre est une construction qui varie avec les époques et les cultures, c’est une représentation sociale des valeurs féminines et masculines attribuées à chacun des deux sexes.
On observe dans de nombreuses civilisations anciennes et contemporaines, des cas d’identifications et de conduites transgenre, c’est à dire non conformes aux normes en vigueur de genre et de sexualité. Chaque culture à sa manière de les intégrer, par la sanction ou la reconnaissance statutaire.
En occident, dés la fin du XIXe, ces conduites ont été médicalisée pour évoluer vers une « dépathologisation » il y a peu.
Dans bon nombre de sociétés, il semble que la question transgenre soit acquise (Asie, Amérique Latine), et que les personnes transsexuelles soient mieux intégrées.
Rappelons que dans la culture asiatique, les individus sont considérés comme de simples être humains sans distinction majeure de sexe jusqu’au XIXe, c’est l’influence de la civilisation occidentale, du temps des colonies, qui a introduit la distinction de genre et les discriminations qui l’accompagne.
De ce fait, dans certain pays d’Asie les violences à l’encontre des transsexuels sont en augmentation.

Malgré les obstacles et la peur du grand public face aux personnes transgenres, des associations et réseaux se sont organisés permettant des alternatives, l’évolution des lois et une certaine « liberté » d’expression.
On ne choisit pas d’être transsexuel, cela s’impose. Le transsexualisme n’est ni un perversion, ni une maladie mentale, ni une sexualité, ni un fantasme : c’est une question d’identité, une question d’être.