L’AGRESSIVITÉ CHEZ L’ENFANT

L’expression de l’agressivité chez l’enfant est une composante de l’évolution du jeune individu en voie de constitution. L’agressivité dite « normale » accompagne les étapes du développement psychoaffectif et relationnel du tout petit.

ORIGINE ET ÉVOLUTION DE L’AGRESSIVITÉ CHEZ L’ENFANT

Les auteurs sont d’accord sur le fait que l’agressivité apparaît dés la prime enfance, qu’elle est un passage normal, propre au développement, dans le sens où le jeune individu est dépendant de l’univers pulsionnel de la petite enfance.

Selon Lorenz, l’agressivité serait innée. D’après ses recherches en éthologie animale, il démontre que l’instinct de conservation ou de survie chez l’être humain serait inhérent au comportement agressif.

D’un point de vue psychanalytique, la pulsion constitue l’inconscient primitif inné chez les êtres humains. C’est une source d’énergie qui vise la satisfaction ou l’apaisement des tensions qu’engendre l’excitation interne.

Lorsque Freud introduit le concept de pulsion de mort (Thanatos), qui a pour but la décharge immédiate de l’excitation, il met en avant la manifestation directe de cette pulsion qu’est l’agressivité.

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De plus, en découvrant le réel du monde qui l’entoure, l’enfant est confronté aux règles, à l’autorité, son Surmoi est sous l’emprise de la sévérité et de la crainte, et l’individu s’exprime à travers l’agressivité.

Lacan, introduit le concept de « stade du miroir » et le début du processus d’identification, il stipule qu’à ce stade (8 mois), le jeune individu prend conscience de lui même. L’agressivité de l’enfant selon Lacan serait à l’origine de la reconnaissance de soi et de l’autre. Ainsi lorsque l’enfant agresse physiquement, il essaie de coordonner ses mouvements afin de maitriser son corps et non agresser réellement l’autre.

Selon Bowlby, le bon développement de l’individu dépend de la qualité de l’attachement mère/enfant, si ce lien n’est pas sécurisant, l’enfant exprimera sont mal être par de l’agressivité. Adler parlera de failles dans la construction psychique durant la petite enfance inhérentes aux pulsions agressives.

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LES DIFFÉRENTS STADES ET L’APPARITION DE L’AGRESSIVITÉ

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La formation de la personnalité des individus est un processus naturel destiné à se mouvoir ; en effet, au cours des étapes du développement, le petit individu et son Moi vont passer de l’immaturité vers la formation de sa personnalité, ainsi que vers la prise en compte de celle de l’autre.

À sa naissance, le nourrisson subit un traumatisme, le nouveau né dépend de sa mère et s’exprime par les cris et les pleurs : il exprime une « agressivité archaïque ».

Au stade oral, l’agressivité est liée à la frustration, l’apparition des dents et l’ambivalence entre le désir de sucer et de mordre marquent les premières pulsions agressives.

Au stade anal, l’enfant acquière la propreté, c’est à ce stade qu’apparaît « la crise d’opposition » (Non), le petit individu peut ou non faire plaisir à l’autre (mère), en lui offrant ou non le boudin fécal. À ce stade la mise en pratique de l’agressivité est de mise.

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L’entrée dans le stade phallique et le complexe d’Œdipe, vont faire apparaître le sentiment de jalousie et d’agressivité envers le parent du sexe opposé (en même temps que l’admiration). Cette période est marquée par la peur de la castration.

Ce stade marque la confrontation : l’enfant a des comportements d’agression physique envers les autres, et commence à exprimer ses sentiments, son mécontentement verbalement. Il teste, par ailleurs, les limites de l’adulte (de plus, le jeu symbolique apparaît et lui permet d’exprimer ses conflits internes).

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Durant la période de latence, l’enfant aura intégré les règles et son agressivité se tourne vers le monde extérieur.

Winnicott n’a pas élaboré une théorie de l’agressivité en tant que concept de violence, mais l’a « façonnée», pour lui, l’enfant comme l’adulte, exprime un désir de construire en même temps qu’un désir de destruction.

Chez Winnicott, l’amour et l’agressivité cohabitent, il nomme le « stade de non inquiétude » la période où l’enfant n’a pas conscience de son agressivité, et « stade du soucis », la période où il est conscient de ses actes. C’est au cours du « stade du soucis » que les parents vont devoir responsabiliser leur enfant et lui faire prendre conscience des conséquences de son agressivité.

L’AGRESSIVITÉ-LES FACTEURS

Certes, l’agressivité et une composante de l’évolution des jeunes individus, mais s’agit-il de tempérament ou de manifestations de souffrances ?

D’un point de vu psychiatrique, le trouble de la conduite est l’un des diagnostiques le plus courant chez les populations d’enfants et d’adolescents, de plus, c’est un des motifs de consultation les plus fréquents.

Pour Mélanie Klein, l’agressivité est présente chez le tout petit et perdure lorsqu’il évolue dans un environnement hostile. Ainsi l’environnement familiale, culturel et social génère de l’agressivité chez le petit individu.

En effet, l’environnement le plus proche de l’enfant est primordial. Un environnement violent peut avoir un incident direct sur l’enfant. En effet, la violence stimule et accroit la violence, elle a des répercussions directes sur les conduites et les comportements du jeune individu.

Au delà des causes environnementales, plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de l’agressivité chez le tout petit.

Des études montrent que la consommation de substances toxiques lors de la grossesse, est un facteur d’agressivité chez le tout petit.

Les malformations et les frustrations liées au handicap peuvent rendre l’enfant agressif.

Certains facteurs neurobiologiques, peuvent influencer les émotions et être à l’origine de comportements agressifs.

LES SYMPTÔMES

Les symptômes inhérents au comportement agressif, lorsque celui-ci n’est pas lié au développement dit « normal », sont divers :

  • Agitation
  • Difficulté de concentration
  • Intégration corporelle disharmonieuse, avec manque de perception des limites de son propre corps et de celui de l’autre
  • Motricité incertaine
  • Intolérance à la frustration
  • Intersubjectivité en échec (faille liée à la reconnaissance de l’autre en tant qu’autre)
  • L’enfant défie l’autorité

L’ENFANT AGRESSIF AUJOURD’HUI

De nos jours, les changements liés à la compositions familiale ou au système familiale tendent à engendrer des comportements agressifs, tant du coté des parents que des enfants.

En effet la hausse des  divorces et par conséquent la monoparentalité ou le phénomène de la famille recomposée entrainent une adaptation difficile pour la plupart des enfants, qui expriment leurs souffrance à travers l’agressivité.

Par ailleurs, le stresse lié à l’indisponibilité des parents qui travaillent, et par conséquent ne s’occupent pas directement de leurs enfants, peut générer des comportements agressifs.

De plus, l’introduction des nouvelles technologies, les jeux vidéo ainsi que la télévision exposent l’enfant aux démonstrations de violence qui influent leurs comportements.

À défaut d’être exprimée par la parole, l’agressivité a toujours un sens, une origine, un développement.

L’enfant qui évolue dans un environnement stable, aimant et disponible, transformera son agressivité dite « normale » en confiance en lui afin d’affronter le monde qui l’entoure.

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